Djavan
CHAP. 01
TOUT A COMMENCÉ À MACEIÓ : LA MUSIQUE ET LE FOOT
Alors qu'il était encore enfant, et n’était âgé que de cinq ans, Djavan accompagnait sa
mère, Virginia, faire la lessive au bord de la rivière avec d'autres blanchisseuses de
Maceió. C'est avec une fierté non dissimulée pour un si jeune garçon qu'il remarqua à
quel point sa mère et ses amies chantaient remarquablement bien et comment elles
étaient capables de coordonner leurs voix et de réaliser des solos incroyables. Il ne le
savait pas à cette époque, mais c'est là, au bord d'une rivière à la périphérie d'une ville
du nord-est du Brésil, qu'il a pris ses premières leçons de musique. Des leçons de
musique et de beauté.
À la maison, sa mère, toujours aussi musicale, lui fit connaitre ses premières chansons par
le biais de la radio : Orlando Silva, Ângela Maria et Dalva de Oliveira, qui sont parvenues
à ses oreilles directement via les ondes de Rádio Nacional à Rio de Janeiro. Sa mère lui
apprit également à chanter des chansons de Jackson do Pandeiro et Luiz Gonzaga, plus
proches de lui non seulement en raison de leur accent mais aussi géographiquement ; ces
mêmes chansons qu'il écoutait dans les rues et sur les marchés de Maceió, grâce aux
enceintes disposées sur la place.
C'est Virginia, toujours elle, qui fut la première à remarquer le talent de son fils. C'est elle
qui fit naître en lui le rêve de devenir un « chanteur de radio ».
Le rêve de sa mère faillit ne pas se réaliser. A l'âge de onze ans, Djavan était très
talentueux non seulement dans le domaine musical, bénéficiant d’une excellente oreille
et une voix remarquable, mais aussi avec un ballon entre les pieds. C'était un joueur de
football exceptionnel et on le trouvait toujours en train de courir sur les terrains
poussiéreux de Maceió. Djavan se distingua en tant que milieu de terrain alors qu'il jouait
dans l'équipe de football des jeunes du CSA, l'équipe la plus importante de la ville, où il
aurait pu poursuivre une carrière de joueur de footballeur professionnel.
Le terrain de jeu du garçon se trouvait ailleurs cependant : il s’agissait d’une grande pièce
confortable chez Marcio, un ami d'école, dont le père le Dr. Ismar Gatto, possédait un
puissant système de son quadriphonique en plus de quelque chose d'extrêmement rare
pour la ville de Maceió au début des années 1960 : une collection d'albums qui semblait
inclure toutes les chansons jamais enregistrées. C'est dans cette pièce que le garçon à
l'oreille avertie a entendu pour la première fois la musique intemporelle de Bach et
Beethoven, l'ingéniosité du jazz grâce à Miles Davis, John Coltrane et la musique noire
représentée par Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan et Billie Holiday ; mais aussi la musique
traditionnelle brésilienne, de Noel Rosa à Tom Jobim et la "bossa nova", de l'école de
samba à la "samba canção", de la richesse mélodique au rythme syncopé, toutes les
chansons qu'il écoutait sur Radio Nacional avec sa mère ; c'est là qu'il découvre, avec
émerveillement que Jackson do Pandeiro, Ary Lobo et aussi, Luiz Gonzaga sont de
grands musiciens.
C'est à ce instant que Djavan est sûr de son avenir en tant que musicien et décide de
suivre l'intuition de sa mère. On savait à peine à l'époque que l'un des plus grands
chanteurs et compositeurs du monde était en train de faire ses premiers pas, quelqu'un
qui jouait de la guitare acoustique comme personne, dépositaire d'un style musical
unique, qui allait bientôt conquérir Rio de Janeiro, le Brésil et la musique brésilienne.
Ensuite sont venus le monde, les scènes, les studios et les partenaires aux États-Unis, en
Europe, en Afrique...