En Inde du Sud, la naissance de l’univers est imputée à une note. Sa tradition musicale suggère, par la beauté qu’elle façonne, l’Invisible. Elle ouvre, par l’harmonie qu’elle incarne, la porte des mondes célestes. Et c’est bien la raison pour laquelle elle régale pleinement les sens ! Dans nos quotidiens pressés, l’expérience temporelle à laquelle elle nous convie est un baume.

Madras (alias Chennai) est ainsi l'épicentre de la musique classique carnatique. Ces suites mélodiques enivrantes, brodant la finesse de compositions qui se transmettent oralement et l'art sophistiqué de l'improvisation sont des joyaux qui s'apprivoisent au fil de longues années d'apprentissage. L'évolution du vocabulaire rythmique ne connaissant aucune trêve depuis 2300 ans, elles sont portées par un groove inflexible relevant du génie mathématique.

Notre première invitée est native du grand ouest français. À 17 ans, Emmanuelle Martin vit une épiphanie : le chant carnatique l’emporte. Elle passe dix ans à Madras auprès d’un génie en ce royaume : TM. Krishna. De retour en Europe, elle transmet à son tour et poursuit son cheminement spirituel, tout en s’appliquant à dépoussiérer les représentations relatives à la musique classique. C'est une perle.

Notre seconde invitée appartient à une grande famille de Madras. Shantala Subramanyam chante et joue la flûte de bambou. Pour les connaisseurs, notez qu’elle est la sœur du célébrissime Shashank. Elle a notre amitié et notre admiration pour tant de maîtrise et de fantaisie. C'est un honneur de l'accueillir pour la seconde fois à Paris.