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Dans le cadre du Festival de l'Imaginaire : Phin Prayuk
Dao Phra Suk Sin sera en concert à la Bellevilloise mercredi 9 novembre 2016 dans le cadre du Festival de l'Imaginaire.
Mercredi 09/11/2016 à 21:00
11 €Prévente
Le demi est à 3,90 €
Concert annulé ? Complet ? Prévenez l'équipe LyloModifier les tarifs
À propos
Une programmation proposée par Pierre Prouteau, doctorant à l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense, lauréat du Prix de la Maison des Cultures du Monde 2015.
Créé en 2012 le prix de la Maison des Cultures du Monde permet à un(e) jeune chercheur(se) de réaliser un projet d'étude et de valorisation d'une forme spectaculaire et/ou musicale relevant du patrimoine culturel immatériel en lui offrant la possibilité de faire venir à Paris dans le cadre du Festival de l'Imaginaire des artistes et/ou praticiens de la forme spectaculaire et/ou musicale qu'elle/il étudie.
Le phin prayuk est un ensemble de musiques rituelles qui accompagne les fêtes du calendrier bouddhique dans la province de Phetchabun. Amplifiée par un incroyable sound system artisanal qui séduit les nostalgiques du rock et de la pop psychédélique des années 70, c'est une musique à la fois traditionnelle et moderne, une musique festive faite pour la danse et les libations libératoires. Pratiquement toutes les localités de Thaïlande ont leur groupe de procession, à Phetchabun, les ensembles de grands tambours traditionnels ont été remplacés par le phin prayuk.
Le phin, c'est le luth à trois cordes que l'on retrouve dans toute l'Asie du sud-est péninsulaire. Prayuk pourrait se traduire par modernité adaptée , en référence à l'électrification du phin et au remplacement des tambours longs par une batterie à harnais et des toms basse. Par extension, il désigne l'amplification du phin et de la basse électrique sur de colossaux, puissants et artisanaux sound systems transportés sur un chariot. Un chariot ? Oui car, comme tous les groupes de procession, les groupes de phin prayuk suivent et animent la marche. Au petit matin, le cortège s'ébranle. La musique, d'abord lente, réveille la localité de ses premiers décibels. Sur le parcours, les habitants, attirés par leurs mélodies favorites deviennent des participants. Le son, puissant, est d'abord une invitation. La progression exponentielle de l'intensité du rythme et du flux de mélodies est savamment
orchestrée par le groupe pour maintenir la tension, le plaisir et surtout la danse de la communauté. Les danseurs se pressent autour des caissons de basse pour la vibration du corps, les oreilles dans les grappes d'enceintes https://www.facebook.com/events/624631964361625/pavillons pour la mélodie perçante du phin, on s'enivre à toute vitesse. Le chariot est retenu par les danseurs pour retarder l'arrivée au temple et continuer la fête. Mais en franchissant finalement le portique du temple, le paroxysme est atteint ; la foule et les musiciens qui s'inspirent mutuellement, le flux continu de la musique et la danse, se déchaînent.
Pour les jeunes musiciens du groupe Dao Phra Suk Sin, la musique est une activité parmi d'autres, même s'ils sont imprégnés depuis l'enfance par l'enseignement des maîtres locaux. Leur pratique du répertoire traditionnel ne les empêche pas d'y introduire des succès nationaux ou régionaux. Électrifiés et saturés d'effets, tous ces airs s'entremêlent pendant des heures, entêtants et fédérateurs et à plein volume.Cette musique, en raison de son caractère local, est ignorée des élites. En revanche certains groupes de phin prayuk s'imposent aux oreilles des milieux alternatifs occidentaux. Pour ces derniers, le son est hypnotique, psychédélique alors même que les musiciens ne se réclament d'aucune de ces appellations. Par un de ces miracles du quiproquo interculturel, ces groupes pourraient connaître un succès inattendu sur les scènes de rock internationales.
Le groupe Dao Phra Suk Sin aura à coeur de faire danser le public et, comme il est d'usage en Thaïlande, la soirée sera animée par un maître de cérémonie, bilingue pour l'occasion.